Informatique

avril 29, 2019 Par Jean-Luc DOH 0

Le statut de l’informatique en tant que discipline est ambigu et mal compris : est-il à chercher du côté de la science ou du côté de la technique ? Quel est l’objet d’étude propre aux informaticiens ? Quelles sont leurs vraies compétences ? Avant de nous engager sur ces points, commençons par éliminer les mauvaises réponses :

  • l’informatique n’est pas la “science des ordinateurs” (ce que, pourtant, laisse croire sa traduction anglaise, “computer science”) : non, les informaticiens ne savent pas nécessairement réparer un ordinateur en panne, diagnostiquer un problème électronique ou effectuer des branchements compliqués, ils ne sont pas toujours les meilleurs guides quand il s’agit d’acheter un nouveau modèle de scanner ou de modem ; oui l’informatique peut s’étudier avec un papier et un crayon, même en absence d’ordinateur…
  • l’informatique n’est pas la “science des logiciels” : non, les informaticiens ne connaissent pas nécessairement toutes les nouvelles versions des programmes du commerce, ils ne savent pas toujours utiliser toutes leurs fonctions, ils ne passent pas (toujours) leurs journées à tester des jeux ou à chercher des bugs…

La compétence réelle des informaticiens n’est ni matérielle, ni fonctionnelle. Alors, qu’est ce que l’informatique ? C’est quelque chose entre les deux, quelque chose de plus abstrait et de plus fondamental sans quoi ni les ordinateurs ni les logiciels ne pourraient fonctionner… Pour arriver à une définition satisfaisante, notre démarche sera de partir de ces deux niveaux de description habituels : matériel et logiciel, et de faire émerger leurs principes sous-jacents.

Commençons donc par l’aspect logiciel. La connaissance commune de l’informatique se fonde en effet généralement sur la pratique de quelques logiciels d’usage courant : traitements de texte, tableurs, navigation sur l’Internet… L’image de l’ordinateur comme “grosse machine à calculer”, fonctionnant pendant des heures pour réaliser ses calculs, reste également présente, mais de façon plus mythique et lointaine, vue au cinéma. Y a-t-il une base commune à tous ces usages, apparemment si disparates ? Quelles sont les caractéristiques partagées par tous ces logiciels ?

Pour aborder ces questions, on peut commencer par remarquer que tout programme peut être décrit par deux aspects fondamentaux : les données qu’il manipule et les traitements qu’il permet de réaliser sur ces données.